23/10/21
Amour d'un jour
Inconnu pour toujours Dis-moi, m'as-tu oublié ? Les souvenirs passés Ne peuvent s'en aller Tu as tout emporté Comment m'en débarrasser ?
Ton visage Ton rire Le son de ta voix Me manquent parfois Mais tu n'es plus là Et mon cœur me fait mal Alors je dois Oublier Continuer Avancer Sans me retourner Car ma vie n'est plus avec toi.
© Méplume
Ce poème, bien qu’il ne soit pas très développé, est cher à mes yeux puisque c’est le premier poème personnel que j’ai écrit. Autant vous dire que j’y tiens beaucoup, réalisé dans une des périodes compliquées et décisives de ma vie. À ce moment-là, un évènement bouleversant m’avait laissé une fraîche cicatrice dans mon être, et le seul moyen de fuir ma réalité venait tout juste de s’effondrer, sans que je n’ai pu comprendre pourquoi, ni à quel moment tout avait dérapé… L’évènement bouleversant était la trahison de personnes en qui j’avais confiance lors de mon harcèlement et mon évasion était la danse, une discipline sportive faisant partie de ma vie depuis mon enfance, à ce moment-là en voie préprofessionnel. Alors que le premier mois de cours avait débuté, je ne prenais plus plaisir à danser. Une lassitude m’écrasait, les larmes coulaient sans cesse, le sol me paraissait soudain comme une autre échappatoire. Alors qu’on apprenait à chuter au sol, les pieds se frottant douloureusement sur celui-ci, je ne ressentais que du vide. Je chutais encore et encore, comme si je tombais réellement dans un abîme, dans les tréfonds du néant. Mes pieds commencèrent à saigner, le frottement étant trop agressif pour ma peau. Mais je m’en fichais. La douleur ne m’importait peu, au contraire, cela me passait le temps et comblait le manque d’émotions auquel je faisais face.
Si je vous raconte ça, c’est parce que j’ai finalement arrêté quelques semaines après cette scène. J’étais complètement désorientée, complètement paumée. Qu’est-ce que j’allais faire de ma vie maintenant ? Et puis un jour, une lumière s’est déclenchée en moi lorsque j’ai regardé le film d’animation «Nos mots comme des bulles». J’ai commencé alors à m’intéresser aux haïkus et, de fil en aiguille, aux poèmes. C’est alors que j'ai voulu poser des mots sur ce qui me rongeait de l’intérieur, en particulier ma solitude. C’est comme ça qu’est né «Amour d’un jour».
Je me suis rendue compte que j’étais en dépendance affective avec ce qui était mon meilleur ami. Je pense que vous comprenez ce que je veux dire… Notre relation était arrivée à son terme et pendant qu’il faisait sa vie sans moi, je ne pu me résoudre à laisser son souvenir s’évaporer… Alors j’ai décidé d’écrire ce poème, deux ans après notre séparation. J'ai décrit mon trouble intérieur face à son absence. J’ai conscience que je dois le laisser partir et continuer ma vie également, mais c’est dur émotionnellement de faire taire le passé qui surgit en boucle dans la tête, encore et encore… J’avais besoin de lui, de sa présence, de sa chaleur… Repenser à nos rires, nos délires, nos confidences, nos jeux, repenser au garçon qu’il était me remplissait de nostalgie et de douleur. Chercher les mots pour les exprimer a été libérateur. Je l'ai d’ailleurs beaucoup refait (mot-clé «Lui»).
Pour revenir sur le poème en lui-même, je voudrais éclaircir la notion d’ «Amour» qui pourrait être interprétée de différentes manières. En effet, ce mot n’est pas anodin. Il peut signifier l’amour amical, fraternel, et bien sûr sentimental. «Amour d’un jour» peut également signifier un coup de foudre d’une journée ou alors toute une relation englobée dans un seul jour, exprimant ainsi une perte de la notion du temps. Cela vous arrive-t-il de vous dire «J’ai l’impression que c’était hier !» alors que cela fait plusieurs années ? Et bien c’est la même idée ici. « Inconnu pour toujours » révèle le caractère fini de la relation : jamais plus de «nous». Nous ne pourrons plus revenir en arrière. C’est terminé. Le poème suit donc une progression, en commençant par la douleur et la nostalgie, et en finissant par l’acceptation de la séparation, et donc, d’un renouveau.
Ce poème est donc ouvert aux interprétations personnelles. Peut-être avez-vous déjà assimilé ce texte à une personne, un visage qui vous vient immédiatement à l’esprit à la lecture de ces mots. Nous nous comprenons car nous ressentons la même peine. Mais nous devons aller de l’avant, pour notre propre bonheur. Nous devons sortir de cette dépendance, même si c’est dur, même si ça prend du temps, on y arrivera ! On y arrivera.
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