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17 ans

On y est, j’ai 17 ans. C’est un drôle d’âge, 17 ans. À peine le frôlais-je de mes doigts que l’ombre des 18 ans me surplombe de toute sa hauteur, un air grave sur le visage. «Bientôt 18 ans, ça passe vite !» oui, c’est bien ça le problème : tout va trop vite. Je n’ai pas le temps de profiter de ma vie telle qu’elle est. J’ai l’impression d’être à côté de la plaque, vivant une adolescence solitaire, loin de mes attentes si idylliques de ce qu’allait être ma jeunesse. Les films et les réseaux sociaux viennent rajouter leur grain de sel, croyant vivre un amour passionnel ou d’avoir un groupe d’amis inséparables avec lesquels faire les quatre cents coups. Je me sens tellement en décalée, tellement en retard par rapport à la société qui se veut conformiste, comme si tout le monde vivait les choses de la même manière et au même rythme. Or, ce n’est pas le cas. Ou du moins pour moi. J’ai toujours cru que la vie et ses étapes étaient dirigées par l’âge, comme s’il y avait des règles absolues et universelles à tous les êtres humains. 16 ans : premier amour. 18 ans : diplôme. 21 ans : premier appartement. 25 ans : mariage. Vous connaissez la suite… Les âges dirigent nos vies, ce qui est absurde. Mais qu’est-ce réellement un « âge » ? Ce n’est rien de plus que le nombre d’années de vie. C’est tout. Ni plus, ni moins, juste un nombre. L’âge comme tel n’a finalement aucune importance dans notre évolution personnelle : la généralité n’est pas toujours véritable. J’ai été aveuglé et je me suis bercée d’illusions. Les rêves s’effondrent, le retour à la réalité fait mal.


J’avais énormément d’espoir et d’attentes pour mes 16 ans. Je croyais avoir plus d’opportunités, de liberté et de reconnaissance. Je me pensais suffisamment grande pour conquérir le monde avec ma détermination, que ma vie allait changer en un claquement de doigt. Haha, quelle douce naïveté… Ce n’est nullement l’âge qui va révolutionner mon existence mais les actions que je mène et ses conséquences. L’âge n’a aucun sens s’il n’y a pas une évolution de ma part. Attendre des opportunités, c’est bien, mais les chercher, c’est encore mieux. On n’a rien sans rien, comme on dit. Mais là encore, rien ne garantit que l’opportunité se présente au bon moment. La vie est un jeu imprévisible qui n’a pas de règles, alors soyons libre de la vivre comme on le souhaite ! À mes 16 ans, j’attendais avec impatience qu’on me donne cette liberté, cette indépendance qui me ferait voler de mes propres ailes. Mais, en vérité, je l’ai toujours eu. Je n’avais pas compris que je m’en suis privée moi-même en érigeant des barrières entre moi et le monde, pour me protéger de l’inconfort et du « trop » nouveau. Je suis jeune, je ne connais encore pas grand-chose de la vie, alors cette liberté, c’est comme me jeter dans la fosse aux lions. Mais comment voulez-vous qu’un oisillon sache voler s’il n’essaie pas, ne chute pas et ne se redresse pas ? Prendre le risque n’a pas que de mauvais résultats. Le courage ne s’improvise pas non plus. Tout est une question d’équilibre entre la peur et l’audace. Et parfois, il faut du temps pour trouver son équilibre, pour trouver la force nécessaire pour se lancer. Il ne suffit pas de le vouloir pour le faire, tout un tas de paramètres est à prendre en compte, notamment ses émotions, facteur essentiel et complexe. Mes émotions sont un problème parce que je ne les comprends pas, et par conséquent, ne les maîtrise pas. Et c’est là que l’introspection commence : pourquoi suis-je différente ? pourquoi je ne me comprends pas ? suis-je le problème ? peut-on m’aimer pour qui je suis ? mais qui suis-je réellement ? Et s’ajoute à ses questionnements d’autres questionnements résultant d’une prise de conscience : pourquoi ai-je agi de cette manière ? est-il trop tard pour s’excuser ? quel est mon avenir ? pourquoi suis-je dans ce monde ? qu’est-ce que je dois faire ? Je suis perdue, la tête dans le brouillard, les pensées dans le vague…


Pour moi, 16 ans rime avec néant. Il est vrai que cette année, j’ai vécu pleins de choses ; des choses qui ne marquent pas mes souvenirs mais qui marque mon esprit. C’est pourquoi je vois cette année comme vide, essentiellement remplie d’une psychologie personnelle. Elle n’en reste pas moins intéressante, mais elle n’a pas été mouvementée. Et si je dois formuler le moindre souhait pour l’année de mes 17 ans, je dirai que mon seul désir est de poursuivre mon évolution telle qu’elle se présente maintenant, et vivre comme s’il n’y avait pas de lendemain. Car, comme le disait Henry David Thoreau : « Je m’en allai dans les bois parce que je voulais vivre sans hâte. Vivre intensément et sucer toute la moelle de la vie. Mettre en déroute tout ce qui n’était pas la vie, pour ne pas découvrir, à l’heure de ma mort, que je n’avais pas vécu ».



© Méplume

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